La levée de fonds, si elle ne doit être vue comme un aboutissement, est souvent un passage obligé pour une startup.
Toutefois et si elle est mal préparée, elle peut s’avérer dangereuse pour les fondateurs qui se retrouvent déstabilisés et affaiblis.
Si un accompagnement est souvent indispensable lors de la formalisation de l’entrée des nouveaux actionnaires, il peut également être utile en amont, afin de préparer la société à être présentée aux investisseurs.
Le présent article a pour objectif de présenter succinctement les démarches à mener lors de la réalisation d’une levée de fonds.
1. Il est tout d’abord essentiel de démontrer le sérieux des fondateurs et de l’équipe opérationnelle en place
1.1. Présenter une société ayant la bonne forme sociale
Les investisseurs recherchent de la souplesse tant dans la gestion de la liquidité de leur investissement que dans les modalités de gouvernance. Les règles encadrant les SARL sont trop strictes et peu adaptées aux startups. En outre, les droits d’enregistrement des cessions de parts sociales sont importants et peuvent vite plomber un ROI (Return On Investment). Il est donc conseillé si besoin d’effectuer la transformation de la société en SAS si besoin avant les opérations de recherche de financement.
1.2. Préparer les due diligence
Afin de confirmer son entrée au capital, l’investisseur effectuera un audit afin de vérifier que l’absence de risques juridiques ou financiers latents au sein de la société. En effectuant cette démarche en amont et en soignant la documentation juridique (contrats de travail, contrats de prestations de service, justification des flux financiers intervenus), vous démontrer votre sérieux et évitez les reproches de votre interlocuteur pouvant mener à une baisse de la valorisation de la société ou mettre en péril l’opération.
1.3. S’assurer la titularité des droits de propriété industrielle et intellectuelle
Il est courant que les fondateurs aient développé directement les logiciels, codes sources ou dessins et modèles indispensables à l’activité sociale. Ces droits sont alors un actif indispensable à l’attractivité de la société. Si aucune cession n’a été formaliser, il est nécessaire de préparer un contrat d’apport en nature ou une cession pure et simple de ces éléments au bénéfice de la société.
1.4. Protéger les informations stratégiques de la société
Proposer la signature d’un accord de confidentialité (NDA) à vos interlocuteurs leur prouvera votre sérieux et votre conscience des usages commerciaux. Attention toutefois de ne pas tomber dans la paranoïa, il s’agit ici de protéger les seules informations stratégiques…
1.5. Sortir les associés dormants
Dans la mesure du possible, il est conseillé de restructurer l’actionnariat avant la première augmentation de capital qui figera une première valorisation de la société et rendra plus délicates les cessions d’actions à un prix minoré. A minima, il est conseillé de sortir du capital les fondateurs ayant abandonné le projet sans formaliser de cession des titres qu’ils détiennent. Une telle démarche permet de réduire la dilution des fondateurs actifs et rassure également les investisseurs.
1.6. Anticiper le besoin de financement
Il s’agit ici de prendre en compte le « temps » de la levée pour éviter de s’imposer un bouclage trop rapide du deal. En effet, si le besoin de trésorerie devient trop pressant, vous pourriez être tentés d’accepter l’investissement à n’importe quelles conditions pour éviter de stopper l’activité. Prendre conscience en amont du temps nécessaire au bouclage de la levée de fonds permet également d’éviter les frustrations puisqu’il entraîne habituellement un ralentissement dans la croissance de la société puisque les fondateurs se concentre sur l’opération capitalistique au détriment de l’opérationnel.
2. Il faut ensuite pouvoir justifier du sérieux du projet : Créer un MVP (Minimum Product Viable) pour prouver la traction du marché
Les levées de fonds sur la base d’un simple projet sont de plus en plus compliquées à mener. Des preuves d’exécution doivent pouvoir être soumises aux investisseurs afin de témoigner de la valeur du produit ou service. L’idéal est de pouvoir montrer que vous avez convaincu des premiers clients ou partenaires et réussi a généré une croissance organique des parmi les utilisateurs. Pour cela, les techniques sont nombreuses : créer une landing page ou optimiser votre site internet, réfléchir au SEO pour optimiser le content marketing, utiliser les réseaux sociaux, accepter les invitations aux salons et conférences, utiliser la presse…
3. La mise en œuvre d’astuces simples permet de faciliter le bouclage de l’opération
3.1. Identifier la typologie de besoin et les financements disponibles
Si le réflexe est de penser « argent disponible », l’entrée d’un tiers peut également permettre de répondre à d’autres types de besoin du fait de l’expérience du nouvel actionnaire. Ainsi, celui-ci peut également apporter son savoir-faire, son expérience, son réseau…Cette implication peut se valoriser lors d’opérations qualifiées de « services for equity » dont le contenu varie selon les besoins de chaque startup (IT for Equity, CTO for Equity, Digital Marketing for Equity, Sales for Equity, Media for Equity, Logistic for Equity). Dans le même esprit, il peut être intéressant de diviser le financement pour en diversifier les sources et éviter une dilution trop importante (BA, fonds privés, BPI, dispositif France investissement, apporteur d’affaires, services région…)
3.2. Définir une stratégie de croissance pour identifier la typologie des investisseurs à démarcher et adapter son discours
Pour attirer un investisseur, il est préférable de parler le même langage. Ainsi, un BA sera attaché au projet, à la société, aux fondateurs pendant qu’un VC (capital-risque) préfèrera des indicateurs de rentabilité et se tournera vers les sociétés en hypercroissance (>10% par an). Les Fonds corporate quant à eux se positionneront comme spécialistes du secteur d’activité de la startup et se proposera de l’accompagner pour un développement international. L’étude du profil de l’investisseur permettra aussi d’en comprendre les motivations : horizon de la revente (liquidité), investissement dans la gouvernance (siège au comité stratégique). Ce travail permet d’anticiper la négociation du pacte et de proposer un investissement adapté.
3.3. Suivre les actualités « levées de fonds » de votre secteur
Cela permet de cibler les BA ou VC actifs et intéressés par votre secteur d’activité. Pour cela, vous pouvez suivre les historiques d’investissements des cibles, leurs résultats financiers, leur performance.
4. Enfin, la volonté de boucler l’opération ne doit pas faire oublier l’avenir
4.1. Tenter de réserver la majorité du capital aux fondateurs
Une dilution trop forte des opérationnels réduit drastiquement la motivation et peut entraîner des décalages entre le point de vue des investisseurs détenant le pouvoir de décision et la réalité du terrain.
4.2. Penser à moyen/long terme
Chaque nouveau tour de table sera a minima aligné sur les conditions accordés aux investisseurs antérieurs. Plus la valorisation de la société augmentera, plus les concessions à accorder aux nouveaux entrants seront importantes. Accepter trop de privilèges au premier tour de table (clause de ratchet, clause de liquidité, pouvoir du comité stratégique) pourrait vous bloquer pour les opérations suivantes.
4.3. Prévoir la réussite comme l’échec de l’association
Négocier un pacte d’actionnaires protégeant contre les éventuelles mésententes pour éviter tout blocage.
Et surtout garder à l’esprit que le facteur humain reste essentiel dans ce type d’opération. Ce sont bien l’équipe dirigeante et les opérationnels qui vont convaincre l’investisseur d’entrer au capital de la startup.
Ainsi, déléguer l’aspect technique et juridique de la levée de fonds à des spécialistes du secteur permet de faire porter à des tiers les questions qui pourraient se révéler conflictuelles et préserver les rapports entre les futurs associés et l’équipe.